Le français compte-t-il vraiment 5 ou 6 voyelles ?

Vous avez sûrement appris à l’école que le français compte 5 ou 6 voyelles si on compte le « y ». Arrêtez tout, on vous a menti ! Keep calm et comptons ensemble les voyelles phonétiques du français.

Déjà, quand on parle de voyelle en phonétique et en phonologie, on oublie les lettres, c’est-à-dire l’orthographe. À l’écrit on peut avoir besoin de plusieurs lettres pour faire une seul son vocalique (ex. : les lettres « ou » font le son [u]). En français, il y a grosso modo 14 voyelles, mais selon la région il peut y en avoir plus. C’est là que ça se complique.

La voyelle phonologique, c’est la voyelle qui si on la change par une autre va changer le sens d’un mot. Par exemple, dans « pile » [pil] si on change la voyelle « i » par la voyelle « u », bah on a « pull » [pyl] et le sens n’est pas le même. C’est ce qu’on appelle des phonèmes, c’est-à-dire des sons qui changent le sens. Revenons à nos moutons vocaliques du français !

Selon les locteur·ices et les régions, on peut trouver deux voyelles phonologiques supplémentaires (celles qui changent le sens). Certaines personnes vont faire la différence entre «brin» [bʁɛ̃] et «brun» [bʁœ̃] par exemple. Dans ce cas, [œ̃] constitue une voyelle phonologique supplémentaire. Aussi, il y a des personnes qui font la différence entre les «pattes» [pat] et les «pâtes» [pɑt], on a donc une 16è voyelle : le [ɑ].

Il y a aussi des voyelles qui ne sont pas phonologiques, c’est-à-dire des voyelles qui ne changent pas le sens des mots. Ce type de voyelles, on les appelle des allophones. Les consonnes peuvent aussi avoir des allophones, mais là on va rester sur les voyelles. Ces allophones sont en fait des voyelles phonologiques qui vont se réaliser un peu différemment dans des contextes très précis. Et c’est là que je vous emmène au Québec (métaphoriquement hein).

Au Québec, les voyelles [i y u] ont leur petits allophones. Par exemple, la voyelle [i] va être [ɪ] dans des mots où la syllabe où se trouve [i] se termine par une consonne (syllabe fermée). Par ex., on va dire « dit » avec un [i] [dzi] et « dire » avec un [ɪ] (comme dans « bitch » en anglais) ce qui donne [dzɪʁ]. L’idée est la même avec les voyelles [y u] : [tu] «tout» / [tʊt] «toute» et [dy] «du» / [dzʏʁ] «dur». (Influence de l’anglais ?)

Enfin, pour vous achever… euh pour achever mon propos, on se demande si avec les voyelles [e]/[ɛ], [ø]/[œ] et [o]/[ɔ] il n’y aurait pas une histoire d’allophonie aussi. Par exemple, [ø] de « peu » « ceux » « queue » MAIS [œ] « peuR » « sœuR » « cœuR » etc. ; [o] « sot » « pot » « dos » («t» et «s» se prononcent pas attention) / [ɔ] de « soRT » « poRT » « doRT » (ici après [ɔ] on prononce RRRRR). Bref, vous savez tout tout tout sur les voyelles !


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